INITIATIVES AGRICOLES
MOBILISATION POUR UNE JUSTE RÉMUNERATION DES PRODUCTEURS D’ŒUFS EN BRETAGNE ET EN PAYS DE LA LOIRE
Le mercredi 17 février, les producteurs d’œufs des Fédérations Régionales des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FRSEA) de Bretagne et Pays de la Loire, ainsi que les groupements de l’Union des Groupements de Producteurs de Viande de Bretagne (UGPVB) se sont mobilisés devant des grandes surfaces à Rennes et à Nantes. Les organisations dénoncent en effet les pratiques dans les négociations commerciales de Carrefour, Auchan, Casino et Aldi qui exigent une baisse des prix sur l’achat des œufs de 4%. Les enseignes refusent toujours de prendre en compte l’augmentation des coûts de production des éleveurs. Les prix de l’alimentation animale flambent depuis plusieurs semaines, s’inscrivant dans le sillon des matières premières au niveau mondial, dû à la forte demande chinoise et aux mauvaises récoltes au Brésil et autour de la Mer noire. Ainsi, en un an, le prix de l’aliment pour les poules pondeuses s’est renchéri de 22,3%, il apparaît donc important que les distributeurs prennent en compte et répercutent ces hausses, c’est tout le sens de cette mobilisation syndicale qui est appelée à se poursuivre.
LOIRET : APRÈS 10 ANS DE COMBATS, DES AGRICULTEURS DU GATINAIS SE FÉLICITENT DE POUVOIR ENFIN STOCKER LES EXCÉDENTS DES PLUIES HIVERNALES
Le vendredi 12 février dernier, Christiane Lambert, Présidente de la FNSEA s’est rendue dans le département du Loiret pour soutenir le projet local de création de réserves d’eau, visant à stocker l’eau pluviale l’hiver en vue de la réutiliser l’été. Ce sont sur ces terres du Gâtinais que 7 agriculteurs portent 7 projets de réserves d’eau pour une capacité totale de 367 500 mètres cubes. Ces réserves pourront servir à irriguer près de 10 000 hectares de cultures, principalement des céréales, dont une partie en conversion bio et in fine mieux anticiper les effets du changement climatique. Les porteurs de ces projets ont indiqué à cette occasion qu’il a fallu plus de 10 ans pour que ces projets soient validés, faisant face à des obstacles administratifs bien trop complexes et des délais bien trop longs. Ces solutions sont pourtant de formidables opportunités pour nos territoires alors que les experts prévoient une pluviométrie annuelle plus importante ces prochaines années, mais de plus en plus mal répartie : trop d’eau l’hiver, et pas assez l’été. La Présidente de la FNSEA a réaffirmé que cette eau abondante qui tombe en hiver, doit urgemment faire l’objet d’un stockage mieux pensé et mieux partagé par les pouvoirs publics afin de pouvoir l’utiliser en été, quand elle est plus rare et quand les cultures en ont besoin.
ACTUALITÉS AGRICOLES
NÉGOCIATIONS COMMERCIALES : IL RESTE DEUX SEMAINES POUR FAIRE RESPECTER LES ENGAGEMENTS ET LA LOI EGALIM !
Le 28 février prochain, à 0h00, les négociations commerciales entre producteurs, transformateurs et distributeurs doivent se terminer. S’ouvre alors deux semaines cruciales pour faire respecter la loi EGAlim et les engagements pris par la distribution afin de prendre en compte les coûts de production et construire un prix en marche avant, du producteur jusqu’au consommateur. Cependant, force est de constater que les objectifs ne sont pas atteints, car c’est une déflation en cascade qui s’impose aux producteurs dans de trop nombreux secteurs. Pour de nombreuses filières on note des hausses de charges, notamment après les sécheresses et des augmentations du coût des matières premières, qui ne sont cependant pas prises en compte dans le prix payé aux producteurs par l’aval de la chaîne alimentaire. La FNSEA et Jeunes Agriculteurs sont pleinement mobilisés depuis plusieurs semaines, pour dénoncer les comportements abusifs des centrales d’achat et les conséquences qu’entraînent les déflations demandées sur la pérennité économique des exploitations agricoles. Les syndicats agricoles appellent l’Etat à prendre des mesures fermes et faire pleinement respecter la loi EGAlim et envisage de demander au Parlement un renforcement de la loi pour ancrer définitivement la construction du prix en marche avant dans notre droit.
SÉSAME CONTAMINÉ : SORTIR DE LA NAÏVETÉ SUR L’IMPORTATION DE DENRÉES ALIMENTAIRES
Le sénateur de Haute-Loire, Laurent Duplomb, a proposé le 17 février, dans une mission d’information flash sur la contamination de graines de sésames (importées) par des substances interdites sur le territoire européen, de durcir les contrôles de denrées alimentaires aux frontières nationales et européennes. En effet, cette alerte est d’une ampleur inédite et nous invite à regarder notre rapport à la qualité des imports alimentaires. L’origine de cette découverte remonte au 9 septembre 2020, après que de l’oxyde d’éthylène, un agent classé cancérogène interdit, a été retrouvé dans de nombreux produits contenant des graines de sésame. Depuis, plus de 100 pays sont concernés dans le monde, dont 20 au sein de l’Union européenne, 500 alertes Rapid Alert System for Food and Feed (RASFF) ont été émises et plus de 2 400 références ont été rappelées en France. Le rapport révèle de véritables défaillances dans le système de contrôle, puisque les contrôles officiels reposent sur trop peu de contrôles aléatoires, certaines substances interdites ne sont d’ailleurs plus contrôlées fréquemment et le budget semble inadapté aux enjeux de sécurité sanitaire. En plus de présenter un vrai risque sanitaire pour les consommateurs, c’est une véritable concurrence déloyale vis-à-vis des agriculteurs français et européens, qui s’ils modifient leurs pratiques, voient leurs produits se retrouver sur le marché face à des importations sous-contrôlés. Tout se passe comme si les autorités considéraient qu’une fois que le produit a été interdit en Europe, il ne pouvait plus se trouver dans les assiettes des consommateurs, rappelle le rapport. Ainsi, cet épisode démontre la nécessité de renforcer considérablement l’ampleur des contrôles sur les denrées alimentaires importées au sein de l’Union européenne, afin de garantir la sécurité sanitaire des européens et de s’assurer que les réglementations soient respectées par tous.
ACTUALITÉS EUROPÉENNES ET INTERNATIONALES
LA DISPARITION DES SURFACES AGRICOLES SE POURSUIT EN ALLEMAGNE
En Allemagne, comme en France, l’urbanisation grignote de plus en plus les surfaces agricoles. Les infrastructures et les zones d’activités qu’elles soient commerciales ou industrielles viennent réduire l’espace agricole. Le gouvernement allemand se félicite que l’utilisation de surface agricoles à d’autres fins ait diminué de moitié depuis l’an 2000, mais l’objectif de 30 ha de pertes par jour en 2020 est largement raté. En effet, ce sont 56 ha de pertes quotidiennes qui sont observés. Les statisticiens allemands de Wiesbaden indiquent que pour 2019, une surface agricole utilisée (SAU) de 18,128 millions d’ha (Mha), soit une diminution de -34 500 ha, ou de -0,2% en un an. Sur le temps long, la diminution a atteint -446 100 ha, soit-2,4% en 10 ans. Soulignant ces changements majeurs dans le paysage allemand, le taux de SAU dans la surface totale était en 2019 de 50,7%, soit en diminution de -1,3% par rapport à 2009. Les responsables sont principalement les surfaces pour habitat, qui se sont accrues de +7 300 ha, les industries et les activités artisanales ont augmenté de +4 200 ha, celles pour les sports, loisirs et repos de +3 600 ha et les surfaces pour communications ont progressé de +900 ha. Il faut cependant noter que les forêts allemandes ont augmenté en 2019 de +4 200 ha pour atteindre 10,659 Mha. Cette question de l’artificialisation des terres et du recul des surfaces agricoles se pose en Allemagne mais aussi en France et dans d’autres pays européens. Il s’agit d’un véritable choix politique dans l’avenir de l’organisation territorial. Il convient aux politiques publiques de prendre en compte ces évolutions, afin de stopper toute nouvelle artificialisation venant modifier en profondeur les paysages et l’organisation géographique de nos pays.
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BAROMÈTRE HEBDOMADAIRE DES PRODUCTIONS AGRICOLES
Le baromètre hebdomadaire des productions agricoles et le fil rouge de l’actualité des filières nationales et de leurs marchés.
RECUL DE L’EXCÉDENT EN 2020 : LES VINS ET SPIRITUEUX PRINCIPAUX CONCERNÉS
Les échanges extérieurs français de produits agricole et agroalimentaires français pour l’année 2020 affichent un excédent de 6,35 milliards d’euros (Md€), mais accusent un fort recul par rapport à 2019. Ce recul est imputable en grande partie aux vins et spiritueux, premier poste de ces échanges. En effet, l’an passé, le solde commercial a baissé de 1,4 Md€ par rapport à 2019, avec une baisse des exportations de boissons et d’alcools qui représente un manque à gagner de 2,1 Md€ et une perte nette de 1,9 Md€. Selon les services statistiques du ministère de l’Agriculture, les exportations de produits agricoles et agroalimentaires (62 Md€) ont davantage baissé en 2020 (-2,3 Md€) que les importations (55,7 Md€ ; -0,9 Md€). Fortement impactée par la crise sanitaire et les taxes douanières américaines contre les viticulteurs, la France n’a vendu que 15 Md€ de bouteilles (-2,1 Md€) alors qu’elle en a importé 3,65 Md€ (-0,2 Md€). Preuve de l’importance de ce secteur, sans cette diminution des ventes des vins et des alcools, l’excédent commercial agricole et agroalimentaire serait supérieur à celui de l’an passé de 500 millions d’euros. La planète ayant dû continuer de se nourrir, la crise conforte et stabilise les dynamiques, les productions excédentaires voient leurs excédents se maintenir, voire progresser, tandis que celles qui sont structurellement déficitaires, accusent des déficits moins importants qu’en 2019 ou équivalents. La FNSEA demande alors un moratoire sur les droits de douanes supplémentaires en lien avec la Commission européenne, afin de trouver dans l’année qui vient des issues au conflit avec les Etats-Unis pour aider la filière viticole française.
VIANDE BOVINE : BAISSE DE LA PRODUCTION EUROPÉENNE EN 2021
S’appuyant sur les prévisions de production, de consommation et d’exportation publiées par la Commission européenne (CE), l’Institut de l’élevage (Idele) prévoit une baisse de la production de viande bovine pour 2021. Estimé à 6,7 millions de tonnes équivalent carcasse (Mtéc) de viande bovine produite dans l’Union européenne (UE), en 2021, ce serait 104 000 téc de moins qu’en 2020, soit -1,4%. Toutefois, la consommation de viande bovine baissant de 800 000 téc (-1,2%), l’UE n’en importera pas plus que l’an passé, c’est-à-dire 348 000 téc, mais elle réduira de 23 000 téc ses capacités d’exportations pour atteindre 559 000 téc. Ainsi, les 27 pays de l’UE dégageront un solde commercial excédentaire de 200 000 téc de viande. Mais sans l’important marché du Royaume-Uni, le marché de la viande bovine se recentrera cette année sur la France. Effectivement, nos compatriotes devraient consommer 22 000 téc de viande en moins mais acheter davantage de viande française (+5 000 téc). Par ailleurs, les importations de viande devraient se redresser de 5,9% pour atteindre 295 000 téc, soit un gain de +16 000 téc comparé à la baisse de 16% en 2020. De leur côté, les exportations se maintiendront à leur niveau de 2020 en restant par conséquent inférieures de 3,9% à leurs niveaux de 2019, et les ventes de broutards, vers l’Italie notamment, se maintiendront (1,122 Mtéc). Concernant les autres sections spécialisées, on estime également une régression. Les abattages de vaches de réforme (823 000 téc) diminueraient de 0,9% ; les productions de taurillons et de bœufs reflueraient respectivement de 1% et de 3% ; la production de veaux de boucherie reculerait aussi de -1% ; tout comme les effectifs de vaches laitières, -2%. Cependant, il reste deux incertitudes qui pourrait venir accentuer cette baisse : la non-réouverture des restaurants et les aléas climatiques, comme l’épisode caniculaire de l’an dernier. Ainsi, toutes catégories confondues, les producteurs français de bovins viande devraient accuser une chute de leur résultat courant (RC) par unité de main-d’œuvre (UMO).
LAIT : COLLECTE EN HAUSSE ET PRIX EN BAISSE POUR 2020
Agreste, le site statistique du ministère de l’Agriculture, fait le bilan de l’année 2020 pour la filière laitière et les chiffres sont en demi-teinte. Il estime premièrement que la collecte française de lait de vache a progressé de 0,5% en 2020 par rapport à l’année 2019. Cette hausse étant notamment le fait de la progression du lait bio, qui pèse pour 4,6% des 23,9 milliards de litres collectés. Mais durant cette même période le prix du lait payé aux producteurs a reculé de 0,6% et les livraisons ont progressé de 0,5%. Ainsi, dans le détail, le prix du lait standard conventionnel (hors Bio et AOP/IGP) est estimé à 329 C/1 000 litres, soit -1,8% par rapport à 2019, le prix de tous types de lait s’établit en moyenne à 349 C/1 000 litres en décembre 2020, soit -1,2% sur un an et le prix à teneurs réelles est estimé à 382 C/1 000 litres, soit -1,4%. Concernant la fabrication de produits laitiers sur cette année 2020, on constate des écarts. Les fabrications de laits liquides et yaourts progressent, tout comme le séchage des poudres de lait dont le marché est bien orienté. En revanche, la plupart des fabrications de fromages sont en retrait, hormis celles des fromages à pâte pressée cuite qui progressent de 0,4%, grâce à l’emmental. Enfin, la collecte de lait de chèvre et de brebis progresse sur un an, respectivement +3,9% et +1,7% et comme pour le lait de vache, les évolutions des fabrications de produits laitiers au lait de chèvre et au lait de brebis sur un an sont contrastées.
EFFET COVID-19 SUR LE COGNAC FRANÇAIS
Cette année 2020 restera une mauvaise année pour les producteurs de cognac puisque les ventes de ce spiritueux ont diminué de 11,3% en volume et de 22,3% en valeur en 2020. L’effet de la pandémie de la Covid-19 n’est pas négligeable, les Français n’ayant pas le goût à la fête et aux rencontres, le chiffre d’affaires du secteur a reculé de 800 millions d’euros passant de 3,6 milliards d’euros (Md€) en 2019 à 2,8 Md€. On note cependant des signes de reprises avec des expéditions en hausse de 18,8% en fin d’année, si l’on compare à la même période l’année précédente. Aussi, le marché européen progresse de 4% sur les quatre derniers mois (11,3 millions de bouteilles expédiées) et le Sud-Est asiatique semble avoir repris aussi quelques couleurs : +11,4% de progression en volume vers la Chine, Singapour et Hong Kong (12,2 millions de bouteilles expédiées). On constate également un effet assez paradoxal, car malgré les taxes Trump, les volumes expédiés aux États-Unis semblent avoir progressé d’1% entre 2019 et 2020. Le Bureau national interprofessionnel du cognac (BNIC) souligne que près de 103,5 millions de bouteilles ont été expédiées vers les États-Unis en 2020, soit 1,1 millions de plus que l’année précédente. Il faut avoir conscience que presque la totalité de la production de Cognac, c’est-à-dire 97%, est exportée hors des frontières françaises, preuve du rayonnement culturel de cette filière d’exception.
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