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Le Fil Agricole n°38

7 juillet 2021

N°38 – Semaine du 22 mars 2021

 

ACTUALITÉS AGRICOLES

PRIX AGRICOLES : UNE URGENTE NÉCÉSSITÉ DE RENFORCER LA LOI !

Depuis, plusieurs semaines, les agriculteurs, de la FNSEA et de Jeunes Agriculteurs (JA), se mobilisent massivement partout sur le territoire, comme le 25 mars dernier à Clermont et à Lyon, pour crier leur malaise face à des prix agricoles toujours en berne. Selon l’Observatoire de la formation des prix et des marges : sur 100 € de dépenses alimentaires, 6 € seulement reviennent au producteur, une part constante depuis des années. Les dernières négociations commerciales ont, une nouvelle fois, démontré les difficultés de construire un prix en marche avant sur de nombreux produits, c’est-à-dire un prix qui répercute tout au long des négociations le coût de production de l’agriculteur. Même si la loi EGAlim a bien permis de créer de la valeur, grâce notamment au relèvement du Seuil de Revente à Perte, le compte n’y est pas et beaucoup trop de producteurs voient encore leurs prix stagner ou reculer. Pour la FNSEA et Jeunes Agriculteurs, il est urgent de réviser la loi EGAlim, non pas pour la défaire, mais bien pour la renforcer. Il convient d’abord, que la loi soit plus intransigeante sur la publication des indicateurs de coût de production et leur prise en compte dans les contrats (comme dénoncé à l’époque de l’examen de la loi EGAlim par les deux syndicats), qui constituent la base de la négociation. Il faut également que les prix agricoles, soient transmis à tous les maillons de l’aval, dans l’esprit de la cascade instaurée par les Etats Généraux de l’Alimentation (EGA), pour permettre la clarté et la transparence de la formation des prix. Le calendrier des négociations revêt un aspect fondamental, une obligation légale pour tenir les négociations de l’amont avant celles de l’aval est alors nécessaire. Comment le prix peut-il se construire du producteur vers le distributeur lorsque les négociations de l’aval (industriels/distributeurs) précèdent celles de l’amont (agriculteurs/industriels) ? La pluriannualité des contrats aval, adossée à des clauses de renégociation intermédiaire, au déclenchement automatique selon le cours des matières premières agricoles, doit devenir la norme, afin de sortir de la logique délétère des négociations annuelles. Enfin, toujours dans l’esprit des EGA, il convient d’ajouter au dispositif, une commission arbitrale publique, qui puisse trancher les litiges pour la mise en place d’une suite dissuasive à la médiation. Sans attendre les négociations commerciales futures, c’est alors au gouvernement et aux parlementaires de se mobiliser dans ce sens, en s’appuyant également sur les récents travaux de la Commission d’enquête sur les pratiques de la grande distribution de l’Assemblée nationale présidée par Thierry Benoit, ainsi que sur le rapport de Serge Papin.

COVID-19 : LA FILIÈRE VÉGÉTALE / HORTICOLE SOULAGÉE

L’Interprofession française de l’horticulture, de la fleuristerie et du paysage, Val’Hor, se dit soulagée par la décision autorisant l’ouverture des commerces de plantes, fleurs, graines, engrais, semences, plants d’espèces fruitières ou légumières, au regard des nouvelles mesures de confinement prises par le Gouvernement. La filière végétale est d’autant plus soulagée que lors du premier confinement au printemps 2020, les végétaux d’ornement n’avaient pas été considérés comme essentiels. La Présidente de la FNSEA, Christiane Lambert s’était d’ailleurs fait l’écho de la destruction de millions de plantes. Selon Val’Hor, la perte estimée lors du premier confinement avoisinait alors 75 millions d’euros. Elle était d’autant plus malvenue que cette première période de confinement coïncidait à une période où les entreprises réalisent en moyenne 50% de leur CA annuel. Cette reconnaissance pour le troisième confinement qui permet l’ouverture notamment des fleuristes, jardineries et des pépiniéristes est aussi la victoire d’un collectif, celui des dix Fédérations unies au sein de Val’Hor pleinement mobilisées depuis un an, avec le relai de la FNSEA. Pour rappel, la filière végétale/horticole réunit 52 000 entreprises spécialisées, réalisant plus de 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires et représentant 175 000 emplois.

LA MÉTHANISATION : UNE ÉNERGIE VERTE, PLEINE DE POTENTIELLE, MAIS SOUS-EXPLOITÉE

C’est dans le cadre de la mission d’information du Sénat, sur la méthanisation dans le mix énergétique, que le du Syndicat des énergies renouvelables (SER) et France Gaz Renouvelable (FGR), ont été auditionnés dernièrement. Ces deux organisations, partenaires de la FNSEA, ont souligné que ce secteur énergétique est émergent, puisqu’il ne représente que 0,3% de la production d’énergie électrique en France, mais qu’il ne cesse de croître dans notre pays. En effet, c’est presque un site de méthanisation par jour qui a été mis en service entre 2019 et 2020, faisant passer le nombre total d’installations de 123 à 214. Cela ne semble pas s’arrêter, puisque 1 200 projets sont actuellement sur la table. Fournissant déjà 2,2 Térawattheure (TWh) par an, ils sont capables d’en fournir 26 TWh, ce qui comparé aux objectifs de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui vise 6 TWh en 2023 et entre 14 et 22 TWh en 2028, montre le manque d’ambition politique, par rapport à la dynamique terrain. Face aux enjeux de sécurisations des sites, de digestats et des résidus d’ammoniac, ils ont souligné l’impératif de tendre vers des standards de qualités et des améliorations, rappelant que les sites sont répertoriés : Installation Classée pour la Protection de l’Environnement (ICPE).

INITIATIVES AGRICOLES

MATÉRIEL AGRICOLE : NAISSANCE D’UNE « CENTRALE D’ACHAT » PORTÉE PAR LES CUMA

Le réseau des Coopératives d’utilisation de matériel agricole (Cuma) vient de se doter d’une société de négoces en matériels appelée Camacuma. C’est une première pour le marché du matériel agricole qui représente environ 500 millions d’euros par an pour les Cuma, et qui fait face à une inflation constante des prix : le prix des matériels agricoles a doublé en 15 ans. C’est pourquoi les Fédérations de Cuma ont décidé de créer en janvier dernier, une centrale d’achat de matériels agricoles appelée Camacuma, sous forme de société par actions simplifiées (SAS). L’objectif est de faire des économies sur les exploitations via leurs charges de matériel via les Cuma qui se comptent aujourd’hui plus de 10 000 sur le territoire. Concrètement, pour bénéficier des prix avantageux de la Camacuma, il faut qu’une Cuma créée avec quatre agriculteurs minimums, adhère à sa fédération de proximité qui elle-même adhère à Camacuma. Cette dernière offre deux services : l’achat et la revente de matériels simples et la location de longue durée avec services de matériels complexes comme les chargeurs télescopiques. A terme, la Camacuma souhaite atteindre un objectif de baisse de 30% sur les matériels auprès des constructeurs, lors de commandes groupées. Après seulement deux mois pleins d’activité, les premiers résultats sont encourageants. Un quart des matériels ont été vendus ou loués depuis le lancement mi-janvier 2021 en informant simplement les Cuma.

ENSIVALOR : UN MODÈLE DANS LA COLLECTE ET LE RECYCLAGE DE PNEUS

Le recyclage des pneumatiques d’ensilage utilisés pour lester les bâches, suscite toujours une forte mobilisation du monde agricole. C’est notamment l’association Ensivalor, créée en 2019 dans le cadre d’un accord avec le ministère de la Transition écologique et avec le relai d’Adivalor (la filière de recyclage historique du monde agricole), qui intervient pour collecter et traiter ces pneus. Pour cela, Ensivalor collabore étroitement avec les représentants du monde agricole que sont l’Assemblée permanente des Chambres d’agriculture, la FNSEA et Jeunes Agriculteurs. Exemple dans le Calvados, où du 16 au 29 mars, ce sont près de 10 points de communes situés dans le département qui ont reçus la collecte de 520 tonnes de pneus d’ensilage auprès de 80 exploitants. Ce volume qui représente l’équivalent de 65 000 pneus de voiture, servira de combustible de substitution en cimenterie pour remplacer le charbon. Ensivalor qui regroupe les constructeurs automobiles, les manufacturiers représentés par la filière Aliapur, les importateurs de pneumatiques représentés par le GIE France Recyclage Pneumatiques (FRP) et de grands distributeurs de pneumatiques tels que le groupe Mobivia, traite plus de 15 000 tonnes de pneus par an, soit l’équivalent de 2 millions de pneus tourisme. L’association qui s’adresse en priorité aux agriculteurs qui cessent ou cèdent leur activité, s’engage dans de nombreux départements partout sur le territoire.

ACTUALITÉS EUROPÉENNES ET INTERNATIONALES

PAC : LA FNSEA DEMANDE DES CLARIFICATIONS AU GOUVERNEMENT

Dans un communiqué du 25 mars, la FNSEA qui a analysé les premières propositions du ministère de l’Agriculture pour l’élaboration du Plan stratégique national (PSN) de la future PAC demande plusieurs clarifications, en premier lieu sur les aides couplées : « les modalités d’attribution proposées pour les aides animales ciblées sur l’Unité de gros bétail (UGB) bovine nous inquiètent fortement, en particulier en termes d’impact sur l’élevage bovin allaitant et engraissement ». La FNSEA demande aussi un éclaircissement sur les éco-régimes (ecoschemes). Le niveau d’exigence selon trois voies (pratiques sur les surfaces agricoles, biodiversité, certification), tel que présenté, exclut un trop grand nombre d’exploitations. Le syndicat agricole demande la réintégration de certaines pratiques telles que l’agriculture de précision, l’agriculture de conservation des sols, la certification bas carbone, la valorisation des cultures intermédiaires… Déplorant « l’absence de propositions pour les Zones Intermédiaires », et réclamant plus de concertation sur l’ICHN, l’investissement, les MAEC, les appuis à l’agriculture biologique et la gestion des risques, la FNSEA regrette aussi que les propositions du ministère « ne répondent pas au besoin de rééquilibrage des effets de la convergence sur les exploitations céréalières ». Elle lui demande, en conclusion, de « présenter un PSN qui permette de favoriser notre souveraineté alimentaire ».

BAROMÈTRE HEBDOMADAIRE DES PRODUCTIONS AGRICOLES

Le baromètre hebdomadaire des productions agricoles et le fil rouge de l’actualité des filières nationales et de leurs marchés.

MANQUE DE RENTABILITÉ : MENACE SUR LA PÉRENNITÉ DE LA PRODUCTION LAITIÈRE NATIONALE

La filière laitière française n’en finit pas de panser les plaies de la crise laitière de 2015-2016, 35% des éleveurs du Grand-Ouest affichent un bilan avec une trésorerie nette globale négative et 32% sont encore fortement endettés à long et moyen terme. Malgré un constat positif de l’Institut de l’élevage (Idele), indiquant que la filière laitière française serait la plus compétitive au monde, cette excellence ne profite cependant pas à tous ses éleveurs. Seules les exploitations converties au bio, en zone AOP ou sous signes de qualité dégageraient des revenus supérieurs à deux smic par unité de main-d’œuvre (UMO) depuis 2017, soit 20% à 25% de la collecte française de lait. L’amélioration de la conjoncture laitière a légèrement profité aux éleveurs de plaine, pour 1,6 Smic par UMO, mais nullement à ceux situés en zone de Piémont, à causes des coûts générés par les périodes de sécheresse. L’agrandissement continu de la taille de leur exploitation et « l’intensification » des techniques d’élevage n’apparaissent plus comme des solutions pour dégager un revenu supplémentaire, le nombre de fermes de plus de 100 vaches laitières et de 75 à 100 vaches stagne, car les éleveurs ne sont pas prêts à s’endetter pour agrandir leur troupeau ou pour se regrouper. De plus, la France ne semble pas avoir profité de la fin des quotas, puisque notre pays ne livre à peine plus de lait qu’il y a 5 ans, quand l’Irlande a augmenté d’un tiers et l’Allemagne de 5%. Sur le territoire national, la production de lait croît en Normandie, mais dans les autres bassins elle stagne et décline, comme dans le grand Sud-Ouest, où elle a reculé de 25% depuis 2015 et de 40% depuis 2010. Enfin, la difficulté majeure pour la filière, comme pour l’agriculture, reste celui de la transmission, puisque 48% des éleveurs ont plus de 50 ans et 28% plus de 55 ans. Même si les jeunes éleveurs laitiers constituent chaque année le plus important peloton de nouveaux installés, soit 2 000 par an, ils ne sont pour autant pas suffisants pour remplacer les producteurs sur le départ, avec un taux de remplacement d’un sur deux. À terme une baisse structurelle de la production laitière française n’est pas exclue…

UN FORT POTENTIEL DE 283 MILLIONS DE TONNES POUR LA CAMPAGNE CÉRÉALIÈRES EUROPÉENNE 2021-2020

Le Comité européen des négociants en céréales et en aliments pour animaux (Coceral) vient de rendre public ses prévisions de production pour la prochaine campagne 2021-2022. Selon ce dernier, les 27 membres de l’Union européenne (UE) seront en mesure de récolter 283,5 millions de tonnes (Mt) de grains, soit 5 Mt de plus que l’été passé. Concernant le blé, l’augmentation sur un an serait de 10 Mt pour une production européenne de blé de 127 Mt au total. La France tire son épingle du jeu, puisque l’été prochain, près d’un quart de la production européenne de céréales serait française, avec 67 Mt, soit +10 Mt sur un an. Si aucun accident climatique majeurs n’apparaît, notre pays pourrait ainsi engranger 35,9 Mt de blé, soit 6,9 Mt de plus que 2020. Plus largement, d’autres productions progresseraient, comme l’orge d’hiver à 12,9 Mt, contre 10,3 Mt en 2020, l’orge de printemps à 4,6 Mt, conte 3,9 Mt en 2020 et le blé dure à 1,5 Mt, soit +230 000 t sur un an. Le Coceral mise sur des productions de maïs et de sorgho de 14,2 Mt et de 0,58 Mt et sur une production de 29,63 Mt d’oléo-protéagineux (colza, de soja et de tournesol), soit une en hausse de 1,2 Mt par rapport à 2020. Dans le détail, les Vingt-sept récolteraient 16,6 Mt de colza, soit +0,5 Mt sur un an, 9,95 Mt de graines de tournesol, soit +470 000 t et 3,1 Mt de soja soit +60 000 t. S’appuyant sur un rendement moyen de 32,5 q/ha et sur une baisse des surfaces cultivées, -135 000 ha sur an, le Comité anticipe pour la France une production de colza de 3,18 Mt, en retrait de près de 70 000 t. Enfin, il est permis d’espérer une production de 1,7 Mt de graines de tournesol, soit +40 000 t et 475 000 t fèves de soja.

 

Contact

Service affaires publiques FNSEA
mail : guillaume.lidon@reseaufnsea.fr
tél : 01 53 83 48 92 
 

 

 

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