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Le Fil Agricole n°77 

8 juillet 2022

N°77- Semaine du 04 juillet 2022

ACTUALITÉS

INFLATION : LE MINISTRE DE L’ÉCONOMIE RÉAFFIRME SON SOUTIEN AUX PRINCIPES DES EGALIM ET LANCERA UNE MISSION D’INSPECTION SUR LES MARGES EXCESSIVES

La FNSEA et Jeunes Agriculteurs ont rencontré le Ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, permettant la clarification de la position du Ministre sur les principes qui régissent la mise en œuvre des EGALIM. Le Ministre réaffirme son soutien plein et entier aux dispositifs qui ont permis de remettre en marche avant la construction des prix agricoles et de sanctuariser le prix des matières premières agricoles dans les négociations entre industriels et grande distribution. Il a ainsi confirmé que le Gouvernement n’apporterait aucune modification aux principes de relèvement de 10 % du Seuil de Revente à Perte (SRP) et de limitation des promotions en volume (25 %) et en valeur (34 %). A l’heure des renégociations commerciales en vue de faire face à la hausse du prix de l’énergie et des matières premières, il était capital d’envoyer un message clair de soutien aux agriculteurs et aux entreprises. Sur le sujet des marges excessives liées à cette période d’inflation, le Ministre entend lutter contre ces abus et lancera dès le début de la semaine prochaine une mission d’inspection pour faire la transparence sur les marges de chacun des maillons.

LA FNSEA PRÉSENTE SUR LE TOUR DE FRANCE POUR PROMOUVOIR LES MÉTIERS AGRICOLES

Cette année et pendant trois ans, la FNSEA sera présente dans la caravane du Tour de France, pour promouvoir les métiers agricoles. Pour combler le déficit de personnel et attirer de nouveaux profils, la FNSEA a lancé une campagne de communication, sous le slogan « ma nature, mon futur, l’agriculture », et entend séduire au-delà des 216 000 jeunes inscrits dans l’enseignement agricole. Les besoins en main d’œuvre agricole sont en effet importants. Le dernier recensement général agricole indique une diminution de 4 % des actifs par an. D’ici 10 ans, la moitié d’entre eux pourront faire valoir leurs droits à la retraite. Un enjeu majeur qui concerne près de 200 000 agriculteurs et qui aura un impact sur notre modèle agricole. L’idée de cette campagne à destination du grand public est alors de montrer que, du CAP au BAC +5, il n’y a pas de niveau requis pour des métiers divers, passionnants, à haute technicité, qui évoluent très vite et qui se conjuguent au masculin comme au féminin. Plus d’infos sur : https://www.fnsea.fr/ma-nature-mon-futur-l-agriculture/

ACTUALITÉS INTERNATIONALES ET EUROPEENNES

ACCORD UNION EUROPÉENNE-NOUVELLE ZÉLANDE : « N’IMPORTONS PAS UNE AGRICULTURE QUE NI LES AGRICULTEURS, NI LES CONSOMMATEURS NE VEULENT »

Après douze cycles de négociation depuis leur lancement en juin 2018, la Commission européenne et la Nouvelle Zélande ont conclu un accord permettant des accès au marché facilités pour les produits agricoles et la mise en œuvre de quotas pour les produits sensibles (produits laitiers, viande bovine et ovine). Avec ce nouvel accord, la FNSEA questionne la prise en compte de la dimension stratégique de l’agriculture européenne, du Green Deal et de la lutte contre le changement climatique. Elle dénonce le manque de cohérence entre les politiques publiques européennes. Alors que la Présidence Française de l’Union Européenne (UE) a pourtant ouvert le chantier de la réciprocité des normes face aux importations issus de pays tiers qui ne respectent pas les mêmes règles, le cas de la Nouvelle-Zélande est symptomatique. Face à un pays dont la production agricole hyper-compétitive représente 80 % des exportations totales du pays, il y a une réelle menace sur le plan agricole, sanitaire et environnemental. La FNSEA sera alors vigilante à ce que les secteurs de production sensibles que sont la viande bovine, la viande ovine et les produits laitiers ne soient pas victimes d’importations qui dérèglent les marchés. La Nouvelle Zélande continue à utiliser des produits, tels que l’Atrazine, interdits en Europe. Il est alors indispensable que l’UE applique la réciprocité des normes, et que, le chapitre de l’accord dédié au développement durable soit pleinement prise en compte, par des contrôles robustes aux frontières. Le risque de cet accord est encore une fois d’importer une agriculture que ni les agriculteurs, ni les consommateurs ne veulent.

PAYS-BAS : LES AGRICULTEURS EN COLÈRE CONTRE UN PLAN GOUVERNEMENTAL QUI PRÉVOIT UNE DIMINUTION DE 30 % DU CHEPTEL NÉERLANDAIS

Depuis le 10 juin,  un vent de colère  s’est emparé des agriculteurs néerlandais, et la pression ne faiblit pas. Des centaines d’entre eux  bloquent des centres de distribution des supermarchés, ayant pour conséquence des rayons vides dans les magasins. Des échauffourées se sont produites avec certains manifestants, obligeant la police à intervenir et faire usage de leurs armes, par des tirs de sommation. Les agriculteurs néerlandais entendent dénoncer le projet du gouvernement de réduire le cheptel national, afin de diminuer les émissions d’ammoniaque et d’oxydes d’azote. Effectivement, pressé par la haute juridiction administrative du pays, le gouvernement néerlandais a été contraint de présenter un projet de réduction des rejets d’azote dans l’air pour préserver ses zones naturelles. Selon ce plan, les émissions d’azote doivent être réduites de 50 % d’ici à 2030. Le gouvernement juge que ces objectifs ne peuvent être atteints qu’en fermant certaines exploitations et en se séparant de 30 % du cheptel. Face à l’ampleur de la crise, un médiateur a été nommé dimanche : il s’agit de Johan Remkes, un ancien ministre. C’est pourtant lui qui avait engagé l’Etat dans ce projet de réduction des rejets d’azote.

RAPPORT DE L’OCDE ET DE LA FAO : L’AGRICULTURE MONDIALE DOIT PRODUIRE PLUS POUR RÉDUIRE LA FAIM DANS LE MONDE

L’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont rendu un rapport commun sur les perspectives agricoles 2022-2031. L’objectif est clair : produire plus pour réduire la faim dans le monde. Le secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, affirme qu’il faut plus que tripler la hausse de productivité agricole enregistrée ces dix dernières années, soit une augmentation de 28 % sur la décennie 2022-2031. Ni l’OCDE, ni la FAO ne perdent l’objectif de nourrir dans la décennie qui vient près de 9 milliards d’habitants. Cela signifie que les rendements devront augmenter de 24 %, près de deux fois plus vite qu’au cours des dix dernières années (13 %). Quant à la productivité de l’élevage, elle devra gagner 31 % en moyenne, dépassant largement la croissance enregistrée au cours de la dernière décennie. La demande alimentaire mondiale, qui est la principale utilisation des matières premières agricoles, devrait augmenter de 1,4 % par an au cours de la prochaine décennie. En comparaison, les deux organisations tablent sur une hausse de la production agricole mondiale moyenne de 1,1 % par an entre 2022 et 2031, principalement dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Un décalage entre offre et demande qui pourrait, dès 2023, mettre près de 20 millions de personnes supplémentaires en état de sous-alimentation chronique. Or la « faim zéro » est l’un des objectifs de développement durable de l’ONU pour 2030 (ODD n°2). Toutefois, cette productivité devra également respecter l’ODD n°13 : la lutte contre le changement climatique.

BAROMÈTRE HEBDOMADAIRE DES PRODUCTIONS AGRICOLES

Le baromètre hebdomadaire des productions agricoles et le fil rouge de l’actualité des filières nationales et de leurs marchés.

LA VALEUR AJOUTÉE ÉCHAPPE (TOUJOURS) AUX AGRICULTEURS…

Selon le 11ème rapport de l’Observatoire de la Formation des Prix et des Marges (OFPM), une partie de la faiblesse des revenus des agriculteurs serait due à la compétitivité chancelante de l’industrie agroalimentaire française. Effectivement, la répartition de la consommation alimentaire en valeur ajoutée induite dans les branches, les taxes et les importations n’évolue pas à la faveur des agriculteurs. Un panier (de produits) de 100 € de valeur ajoutée comprend moins de 7 € de valeur ajoutée issue de l’agriculture depuis 2010. A contrario, la part des produits importés (26 €) croît chaque année (+ 10 % en 10 ans). Autrement dit, la valeur ajoutée des produits consommés, de plus en plus créée à l’étranger notamment à partir de produits agricoles français exportés, échappe aux agriculteurs contraints de vendre leurs commodités à des prix imposés depuis l’étranger. Depuis 2021, la hausse des prix de la plupart des produits agricoles n’améliorera pas la répartition de la valeur ajoutée entre les branches car une bonne partie de cette augmentation est absorbée par la flambée des prix des intrants. La politique commerciale de la grande distribution contribue aussi à la contraction de la valeur ajoutée tout au long de la filière de production.

UNE REPRISE FRAGILE POUR LES SPIRITUEUX FRANÇAIS

Fortement touchée par la crise sanitaire, la filière française des spiritueux a connu une éclaircie en 2021 mais la reprise reste fragile. Dans la grande distribution les ventes de spiritueux ont augmenté de 2 % pour atteindre 5,2 milliards d’euros mais elles ne retrouvent pas leur niveau de 2019. Si la reprise est, malgré tout, bien présente, de nombreux nuages liés aux enjeux géopolitiques risquent de la fragiliser. Depuis février 2022, les coûts de production ont connu des hausses généralisées : plus de 50 % pour le blé et le gaz, entre 20 et 60 % pour l’alcool, entre 13 et 60 % pour le verre et 30 % pour le papier carton. Le secteur s’attend à une fin d’année difficile, car ces hausses n’ont pas été répercutées lors des négociations commerciales de début d’année. L’approvisionnement est devenu un problème majeur pour chaque entreprise. Les exportations ont également bien repris, avec un chiffre d’affaires de 4,9 milliards d’euros (Md€), pour moitié vers l’Amérique du Nord et un tiers vers l’Asie. C’est le cognac, avec 1/3 des volumes et 3/4 de la valeur qui tire ces exportations. Depuis avril, on constate cependant une baisse des ventes aux Etats-Unis en raison d’une inflation des prix de 10 %. De même, la filière observe un ralentissement des ventes vers la Chine en raison de la situation sanitaire dans ce pays et de la situation en Mer de Chine. La filière est pourtant en pleine ébullition, avec la création de nombreuses petites entreprises. Rappelons que les 250 entreprises de ce secteur sont ancrées dans les territoires avec 51 indications géographiques et elles procurent 100 000 emplois directs et indirects.

CASSIS : UNE RÉCOLTE COMPROMISE POUR 2022 EN RAISON DES PICS DE CHALEUR ET DES ORAGES

Selon l’Association française interprofessionnelle des fruits et légumes à destinations multiples (Afidem), les producteurs et les transformateurs de cassis français sont confrontés à de très mauvaises prévisions de récolte pour 2022 en raison des pics de chaleur et violents orages de juin, faisant craindre un risque de pénurie de produits à base de cassis. Selon les régions et les parcelles, les pertes s’échelonneraient entre 30 et 70 %. Toutes les variétés cultivées en France et caractéristiques du territoire national sont touchées, notamment le Noir de Bourgogne et le Blackdown. Le verger français couvre une surface de 2 000 ha pour un potentiel de production de 7 000 tonnes. La filière cassis rassemble 30 entreprises de production et de transformation et réalise un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros. La France est le troisième pays producteur en Europe.

Contact

Service affaires publiques FNSEAmail : xavier.jamet@reseaufnsea.frtél : 01 53 83 48 92  

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